Fiscalité des ETF en Belgique : guide complet pour investir intelligemment en 2025
Comprendre la fiscalité des ETF en Belgique est essentiel pour investir efficacement. TOB, précompte mobilier, taxe Reynders, ETF irlandais, et future taxe sur les plus-values : ce guide complet vous aide à structurer un portefeuille fiscalement efficient en 2025.

Investir dans les ETF est devenu une stratégie incontournable pour les Belges souhaitant faire fructifier leur patrimoine de manière simple, diversifiée et peu coûteuse. Mais derrière cette apparente simplicité se cache une fiscalité complexe, en constante évolution. Entre la taxe sur les opérations de bourse (TOB), le précompte mobilier, la taxe Reynders, et bientôt la taxe sur les plus-values, il est essentiel de comprendre les implications fiscales pour optimiser ses rendements.
Ce guide vous propose un tour d’horizon complet de la fiscalité des trackers en Belgique, avec un focus particulier sur les ETF domiciliés en Irlande, souvent plébiscités pour leur efficacité fiscale.
1. La TOB : Taxe sur les opérations de bourse
La TOB s’applique à chaque achat ou vente de titres, y compris les ETF. Son taux varie selon le type de produit et sa domiciliation :
Trois taux peuvent s’appliquer (0,12 %, 0,35 %, 1,32 %) selon le type d’instrument et l’enregistrement du compartiment, le taux de 0,35% étant réservé aux actions.
De nombreux ETF domiciliés en Irlande et non enregistrés en Belgique relèvent du taux 0,12 %. Vérifiez le pays du compartiment du tracker sur la page de l’émetteur, ainsi que la pratique de votre courtier, car certains courtiers affichent des traitements différents.
- Pour les ETF domiciliés dans l’Espace économique européen (EEE), mais hors Belgique, le taux est généralement de 0,12 %.
- Pour les ETF dont au moins l'un des compartiment est domicilié en Belgique, le taux peut être plus élevé, notamment jusqu’à 1,32 % pour les fonds de capitalisation qui ne distribuent pas de dividendes.
- Certains courtiers appliquent des taux différents selon leur interprétation du statut du tracker. Par exemple, Bolero applique 1,32 % sur l’ETF VWCE, tandis que DEGIRO applique 0,12 %, bien que le produit soit le même.
Si vous utilisez un courtier belge, la TOB est prélevée automatiquement. En revanche, si vous passez par un courtier étranger, vous devrez déclarer et payer la TOB vous-même par virement sur le compte du SPF Finances au plus tard le dernier jour ouvrable du deuxième mois suivant. Ce n'est pas très compliqué mais il faut le faire régulièrement, sauf si vous ne passez aucun ordre, et ça devient vite un peu contraignant.
En résumé :
Si l’un des compartiments de l’ETF est enregistré en Belgique :
- ETF de distribution : 0,12 % à l'achat ou à la vente
- ETF de capitalisation : 1,32 % à l'achat ou à la vente
Si aucun compartiment de l’ETF n’est enregistré en Belgique :
- ETF de distribution : 0,12 % à l'achat ou à la vente
- ETF de capitalisation : 0,12 % à l'achat ou à la vente
2. Le précompte mobilier : 30 % sur les dividendes
En Belgique, les dividendes sont soumis à un précompte mobilier de 30 %. Cela concerne :
- Les actions individuelles.
- Les ETF de distribution.
- Les fonds d’investissement de distribution.
Les ETF de capitalisation, qui réinvestissent automatiquement les dividendes, permettent d’éviter cette taxation annuelle. C’est pourquoi ils sont souvent privilégiés par les investisseurs belges. N'hésitez pas à faire une petite simulation sur mon comparateur distribution vs capitalisation pour vous en faire une idée concrète.
Par contre, sur les ETF de distribution, c'est l'enfer. Lorsque vous touchez un dividende provenant d’un titre étranger, vous êtes souvent doublement imposé :
- Premier effet kiss cool : une retenue à la source du pays d’origine est appliquée (exemple : 15 % aux États-Unis).
- Deuxième effet kiss cool : l’état belge vous achève en prélevant son précompte mobilier de 30 % sur le restant.
Au total, vous êtes donc taxés à 40,5 %,et encore, certains pays prélèvent bien plus que les 15 % américains.
Ce que vous pouvez faire pour limiter la casse :
- Privilégiez absolument les ETF de capitalisation au lieu des trackers de distribution.
Si vous optez malgré tout pour des ETF de distribution, vous pouvez :
Remplir le formulaire W-8 BEN pour les titres américains. En général, les bons courtiers vous le proposent la première fois que vous achetez des actions américaines ; il suffit généralement de le signer numériquement.
- Privilégier les ETF domiciliés en Irlande, qui, bénéficient d’accords fiscaux à la source avec les États-Unis.
- Les retenues à la source sur les dividendes varient fortement selon les pays. La Belgique a conclu des conventions fiscales bilatérales (par ex. avec l’Allemagne, l’Espagne, les États-Unis, la France, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Suède ou la Suisse) qui permettent théoriquement de réduire la retenue locale. Dans la pratique, ces réductions ne sont pas toujours appliquées automatiquement : elles dépendent du courtier et nécessitent parfois des démarches administratives longues ou peu accessibles aux particuliers.
C’est pour cette raison que certains investisseurs privilégient les ETF domiciliés en Irlande, qui appliquent généralement le taux réduit de 15 % sur les dividendes américains grâce à la convention entre l'Irlande et les États-Unis. À noter également : le Royaume-Uni ne prélève pas d’impôt à la source sur les dividendes.
3. La taxe Reynders : 30 % sur les plus-values des obligations
Si votre tracker contient plus de 10 % d’obligations, la plus-value réalisée à la vente est partiellement imposée à 30 %. Cela concerne :
- Les ETF obligataires purs : 30 % sur toute la plus-value.
- Les ETF mixtes (actions + obligations) : taxation proportionnelle à la part obligataire.
Attention : de nombreux trackers étrangers ne publient pas les documents requis par l’administration belge. Dans ce cas, la taxation est appliquée sur 100 % de la plus-value, même si l’ETF est mixte.
Autre précision importante : cette taxe existe encore mais fait actuellement l'objet d'ajustements et de discussions en lien avec celle sur les plus-values, dont l'entrée en vigueur est annoncée pour le 1er janvier 2026. L'avenir nous dira si l'impôt Reynders sera donc maintenu ou non.
4. La taxe sur les comptes-titres : 0,15 % au-delà de 1 million €
Depuis 2021, les comptes-titres belges dépassant 1 million d'euros sont soumis à une taxe annuelle de 0,15 %, même si aucune transaction n'a été faite dans l'année. Cette taxe s’applique par compte, et non par personne.
Si vous possédez deux comptes de 600.000 euros, vous n’êtes pas concerné. En revanche, si vous divisez un compte de 1,2 million d'euros en deux après 2021, le fisc peut considérer cela comme une tentative d’évasion fiscale.
5. La future taxe sur les plus-values (2026)
À partir du 1er janvier 2026, la Belgique introduira une taxe de 10 % sur les plus-values réalisées sur les actions, ETF et cryptomonnaies.
Voici ce que l’on sait déjà :
- Une exonération annuelle de 10.000 euros sera accordée.
- Les gains réalisés avant 2026 ne seront pas taxés.
- Le prix de référence sera celui du 31 décembre 2025.
- Vous pourrez choisir comme prix d’achat initial celui du 31 décembre 2025 ou votre prix réel d’achat, selon ce qui vous avantage, pendant une période de cinq ans.
Cette taxe pourrait impacter fortement les stratégies buy & hold à long terme. Il conviendra de suivre de près les modalités précises mais il conviendra sans doute de réaliser définitivement certaines plus-values latentes en 2025 en vendant les titres.
6. Les ETF domiciliés en Irlande : un choix fiscalement intéressant
De nombreux trackers populaires en Europe sont domiciliés en Irlande (par exemple iShares, Vanguard, Amundi). Ce choix est le plus judicieux pour les investisseurs belges en raison de plusieurs avantages fiscaux :
- Taux de retenue réduit sur les dividendes US : souvent 15 % grâce au traité USA/Irlande.
- TOB réduite de 1,32 % à seulement 0,12%.
- Capitalisation facilitée grâce au réinvestissement automatique des dividendes.
- Moins de frictions fiscales que les ETF domiciliés aux États-Unis ou au Luxembourg.
Par exemple, le tracker SPDR MSCI All Country World Investable Market (IE00B3YLTY66) est domicilié en Irlande, capitalisant, et donc fiscalement optimisé pour les Belges.
Attention toutefois : les ETF irlandais de distribution sont soumis à la taxe sur les dividendes. Privilégiez toujours les trackers de capitalisation.

7. Cas pratique : optimiser son portefeuille ETF en Belgique
Voici un exemple de portefeuille 60/40 fictif fiscalement optimisé :
- 60 % en Amundi Prime All Country World (IE0003XJA0J9), domicilié en Irlande, capitalisation : frais annuels (TER) de 0,07 %, pas de dividendes.
- 40 % en iShares Core Global Aggregate Bond (IE00BDBRDM35), domicilié en Irlande, capitalisation : TER de 0,10 %, mais taxe Reynders qui s'appliquera en cas de plus-value.
Ce portefeuille évite le précompte mobilier, minimise la TOB, et limite la taxe Reynders.
Voici les points clés à retenir :
- Privilégier les ETF de capitalisation pour éviter le précompte mobilier.
- Vérifier la domiciliation du tracker pour minimiser la TOB et privilégier les ETF qui ne sont pas enregistrés en Belgique.
- Anticiper la taxe sur les plus-values dès maintenant.
- Éviter les ETF obligataires si vous souhaitez limiter la taxe Reynders.
- Optimiser la fiscalité des dividendes américains avec le W-8 BEN.
- Utiliser des courtiers belges pour simplifier la déclaration.
Conclusion
La fiscalité belge des ETF est un terrain semé d’embûches, mais aussi d’opportunités. En choisissant des ETF de capitalisation, domiciliés en Irlande, et en anticipant la future taxe sur les plus-values, vous pouvez structurer un portefeuille performant et optimisé pour les taxes.
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