Les ETF obligataires : une arme défensive pour votre portefeuille

Les ETF obligataires : accessibles, liquides et utiles pour diversifier et protéger votre portefeuille selon votre profil.

Comment intégrer un ETF obligataire dans son portefeuille?

Un ETF obligataire se négocie en bourse comme une action : il s’achète et se revend en quelques secondes, pendant les heures d’ouverture des marchés. Bien que leur rendement soit modeste, ces produits peuvent jouer un rôle clé dans la construction d’un portefeuille équilibré. À défaut de faire rêver, ils assurent une certaine stabilité, voire une protection en cas de secousses boursières.

Pourquoi investir dans un ETF obligataire ?

Un tracker obligataire agit principalement comme un filet de sécurité dans un portefeuille diversifié. En théorie, les actions et les obligations évoluent souvent de manière opposée : quand les actions chutent, les obligations montent, et vice versa. Cette décorrélation est précieuse en période de krach ou de forte volatilité.

Cela dit, cette relation n’est pas gravée dans le marbre. En 2022, par exemple, les cours des actions et des obligations ont chuté simultanément. Cette situation reste malgré tout exceptionnelle et était due à ce moment-là à la forte remontée des taux d’intérêt par les banques centrales face à l’inflation.

Les différents types d’ETF obligataires

Il existe plusieurs catégories de trackers obligataires, selon le type de dettes qu’ils répliquent :

  • Obligations d’État (souveraines) : généralement les plus sûres, mais peu rémunératrices.
  • Obligations d’entreprises : plus risquées, donc plus rentables.
  • Bons du Trésor (Treasuries) : dette américaine à court ou long terme.
  • Obligations indexées sur l’inflation (TIPS) : pour protéger le pouvoir d’achat.
  • Obligations convertibles : hybrides entre dette et action.
  • Obligations à effet de levier : pour investisseurs avertis uniquement.

Selon votre profil de risque, vous pouvez mixer différentes expositions.

Pourquoi préférer un ETF à une obligation individuelle ?

Les ETF obligataires offrent deux avantages clés : la liquidité et l’accessibilité.

Contrairement aux obligations classiques, qui se négocient au fixing en fin de journée, les ETF s’achètent et se vendent en continu, comme n’importe quelle action. Et pas besoin d’attendre l’échéance de l'obligation : vous pouvez sortir à tout moment.

Autre atout, le prix d’entrée. Acheter une obligation souveraine en direct peut coûter plusieurs milliers d’euros. Un ETF, lui, est accessible dès quelques dizaines d’euros, tout en vous exposant à un panier diversifié de titres obligataires. Cette diversification constitue d'ailleurs un autre atout des ETF obligataires.

Fonctionnement des coupons et des échéances

Une obligation individuelle verse un coupon annuel fixe (ex. 4 %). Mais un ETF obligataire, lui, regroupe souvent des milliers de lignes. Résultat : le rendement varie au fil du temps.

À mesure que certaines obligations arrivent à échéance, elles sont remplacées par d’autres, avec des conditions de taux différentes. C’est pourquoi un ETF obligataire n’a pas de date d’échéance fixe. On parle plutôt de durée moyenne, visible dans la fact sheet de l’ETF.

Par exemple, un ETF à échéance courte aura une maturité moyenne de quelques mois à 2 ans, tandis qu’un ETF à échéance longue dépassera souvent les 10 ans.

Le rôle des taux d’intérêt

Les taux directeurs des banques centrales ont un impact direct sur les obligations. Quand les taux montent, les obligations existantes deviennent moins attractives (car elles offrent des coupons plus faibles), et leur valeur baisse. Inversement, quand les taux baissent, les anciennes obligations deviennent plus recherchées : leur cours grimpe.

Les ETF obligataires réagissent donc en temps réel aux annonces monétaires. Une anticipation de baisse des taux peut suffire à faire grimper le prix d’un tracker obligataire bien exposé.

Capitalisation ou distribution ?

Un ETF obligataire peut soit réinvestir les coupons (capitalisation), soit les verser aux porteurs (distribution).

  • Capitalisation : les intérêts sont automatiquement réinvestis, ce qui permet de profiter des intérêts composés. Cette méthode est souvent plus intéressante fiscalement dans une optique long terme.
  • Distribution : vous recevez les coupons en espèces, généralement une ou deux fois par an. Pratique si vous cherchez des revenus réguliers, mais attention à la fiscalité (30 % de prélèvement forfaitaire en France et en Belgique, par exemple).

Pour l’investisseur de long terme, les ETF de capitalisation sont en général plus efficaces.

Quelle place pour les ETF obligataires dans un portefeuille ?

Tout dépend de votre profil, de votre horizon d’investissement, et de votre tolérance au risque. La théorie dit qu'il faut posséder un pourcentage d'obligations égal à 100 moins son âge. Mais ce n'est que de la théorie car il n'y a aucune règle. Voici néanmoins quelques repères à titre indicatif :

  • Profil prudent : 50 à 70 % en ETF obligataires (principalement souverains et investment grade).
  • Profil équilibré : 20 à 40 % en obligations, le reste en actions (via ETF actions).
  • Profil dynamique : 5 à 20 % pour amortir les chocs sans freiner la performance globale.

Les ETF obligataires peuvent aussi servir de réserve stratégique : lorsque les marchés actions baissent fortement, cette poche peut être utilisée pour racheter des actions à bon compte, sans devoir vendre dans la panique.

ETF obligataires et PEA : compatibles ou non ?

La grande majorité des ETF obligataires ne sont pas éligibles au PEA, car ils investissent dans des titres de créance (obligations) qui ne répondent pas aux critères d’éligibilité du plan. En effet, le PEA est réservé aux actions de sociétés ayant leur siège dans l’Union européenne (ou l’Espace économique européen), ainsi qu’aux ETF investis à plus de 75 % dans ces actions.

Il existe toutefois quelques rares ETF obligataires compatibles PEA, notamment ceux investis dans des obligations convertibles européennes, mais ces produits restent très marginaux. Par exemple, le tracker Amundi PEA Obligations d'État Euro (ISIN: FR0013346681) est éligible au PEA. 

Nos lecteurs français qui souhaitent s'exposer à des obligations via des ETF devront donc généralement passer par un compte-titres ordinaire, avec la fiscalité moins favorable qui s’y applique.

Deux bons exemples d’ETF obligataires

1. iShares Core Global Aggregate Bond (IE00BDBRDM35)

  • Frais annuels : 0,10 %
  • Domicile : Irlande
  • Réplication : physique
  • Rendement annuel (mai 2025) : 2,82 %
  • Durée moyenne : 8,2 ans

Ce tracker est extrêmement diversifié, avec plus de 17.000 obligations à son actif, à la fois d’États et d’entreprises. C’est un excellent compromis entre sécurité et rendement. Il capitalise les intérêts.

Pour ceux qui préfèrent percevoir des dividendes, le tracker SPDR Bloomberg Global Aggregate Bond (IE00B43QJJ40) est assez similaire mais distribue ses coupons deux fois par an à un taux annuel brut de 2,89%. Il est en outre éligible au PEA.

2. Xtrackers II Eurozone Government Bond (LU0290355717)

  • Frais annuels : 0,09 %
  • Domicile : Luxembourg
  • Réplication : physique
  • Rendement annuel (mai 2025) : 2,47 %
  • Durée moyenne : 7 ans

Ce tracker est composé uniquement de dettes d’État de la zone euro, réputées solides. Il distribue ses intérêts une fois par an.

Chez Vanguard, le Vanguard EUR Eurozone Government Bond, qui porte le code ISIN IE00BH04GL39 est également très intéressant, ainsi que son cousin de distribution, le IE00BZ163H91 (taux annuel de 2,72%).

Malgré cela, les investisseurs belges préféreront l'éviter car, comme souvent chez Vanguard, l'un de ses compartiments est enregistré en Belgique, faisant passer sa taxe de 0,12% à 1,32%.

Un mot sur la fiscalité belge

Les investisseurs belges doivent aussi composer avec la taxe Reynders : une taxe de 30 % sur la plus-value réalisée à la vente des produits composés de plus de 10 % d’obligations. Cela concerne la plupart des ETF obligataires.

Autrement dit, même si aucune taxe n’est - pour le moment - prélevée sur les actions en Belgique, les ETF obligataires sont bien taxés, ce qui rogne une partie de leur rendement. Cela limite leur intérêt dans une optique purement défensive à long terme.

En 2026, cette taxe sera peut-être supprimée car elle ferait double emploi avec la future taxe sur les plus-values. De ce fait, les ETF d'obligations retrouveront peut-être grâce aux yeux des belges.

En conclusion

Les ETF obligataires sont des produits simples, liquides et peu coûteux pour s’exposer au marché de la dette. Ils permettent de stabiliser un portefeuille, protéger contre les krachs ou préparer une stratégie de réallocation future. Malgré leur rendement modeste, ils peuvent jouer un rôle crucial dans la performance globale, surtout si les marchés actions deviennent turbulents.

Mais attention : ils ne sont pas sans risques (notamment en cas de hausse des taux), ni toujours adaptés à la fiscalité de certains pays. Comme toujours, le choix d’un ETF obligataire doit être fait en fonction de votre profil, de votre horizon d’investissement, et de votre situation fiscale.

Les informations contenues dans cette analyse ne sont pas des conseils d'achat. Par conséquent, l’auteur ne pourra être tenu responsable en cas de pertes sur le(s) produit(s) concerné(s). Tout investissement comporte des risques de pertes. Pour plus d’infos, voyez nos mentions légales.

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